Oracle, ce mastodonte de l’industrie informatique, fait de plus en plus parler de lui ces derniers temps.
En effet, suite au rachat de Sun Microsystem il y a un an à peine en Janvier 2010, beaucoup de projets « libres » qui étaient sous le contrôle de Sun sont aujourd’hui remis en cause dans leur intégrité et leur ouverture. Et ce n’est pas la plainte déposée à l’encontre de Google au sujet de l’utilisation de Java dans Android qui va rassurer les gens ou apaiser les tensions !
Mais avant d’évoquer les soucis, il est bon de rappeler un peu en quoi consiste le « libre ». Un logiciel est considéré « libre » lorsque son code source est ouvert, que n’importe qui peut l’utiliser et le modifier librement. Souvent on confonds le libre et le gratuit, principalement à cause du terme identique en anglais : « Free ». Pourtant rien n’empêche de commercialiser un logiciel libre, ni même de vendre des solutions qui l’incluent, ou encore d’apporter du support ou services autour.
Sun Microsystem étant l’une des entreprise les plus actives dans cet univers grâce aux projets libres très célèbres comme Java, MySQL, OpenSolaris ou encore OpenOffice.org. Mais voilà, le rachat évoqué plus haut a apporté de nombreuses inquiétudes. En effet, Oracle n’est pas franchement connu pour être une entreprise à l’esprit ouvert. On le rapprocherait plus de l’image d’un Microsoft par exemple.
Et les craintes de mises en péril de certains projets n’ont alors pas tardé :
– OpenSolaris, version libre de Solaris, un système d’exploitation Unix développé à l’origine par Sun, a été officiellement stoppé en Août 2010, Oracle préférant reprendre la main sur Solaris et revenir à un système 100% fermé… Afin de pouvoir continuer, la fondation « Illuminos » a été crée ainsi que le projet OpenIndiana, un fork (dérivé) qui restera libre en dehors des désirs d’Oracle.
– OpenOffice.org, la suite bureautique libre la plus célèbre, a elle aussi vu des craintes sur son futur. La grande majorité des développeurs du projet ont décidés d’abandonner Oracle et de fonder une nouvelle structure suite aux changements de licences et de prix de certains modules (comme le plugin d’importation ODF pour Microsoft Office qui passe de 0 à 90$ !). La « The Document Foundation » reprends donc un « fork » (dérivé) du projet OpenOffice.org et continue son développement sous le nom de LibreOffice.
– MySQL, l’un des systèmes de base de donnée le plus utilisé au monde, surtout en association avec le langage PHP, est l’un des projet les plus menacé. En effet Oracle a construit son succès principalement sur son système de base de donnée du même nom. Certes efficace et très utilisé en entreprise, mais aussi très cher et bien plus complexe ! Dès lors, il y a une grande crainte de voir Oracle mettre fin à MySQL ou d’en faire une suite commerciale… Et là aussi, des fork ont vu le jour, ainsi SkySQL et MariaDB ont été créés par des anciens de MySQL qui ont refusé l’orientation d’Oracle.
Mais, le problème le plus crucial qui concerne mon article ici, est surtout l’action entreprise par Oracle à l’encontre de Google dans le cadre du projet Android. Au coeur du problème : Java.
Pour ceux qui l’ignorent encore, Android est un système d’exploitation qui utilise et tourne grâce à Java. Les applications que nous avons tous sur nos téléphones sont très majoritairement en langage Java. Un Java un peu spécial car dédié à Android, mais un Java tout de même.
Et si à l’époque, Google et Sun avaient passés des accords sur l’utilisation de Java, Oracle n’entends pas la chose de cette oreille.
Java est pourtant lui aussi un logiciel libre, donc théoriquement totalement utilisable sans restrictions… Mais autour, Sun avait développé des parties et extensions elles sous son copyright. L’implémentation de l’exécuteur (la machine virtuelle) est ainsi parfois sous licence. Et Oracle accuse aujourd’hui Google d’avoir tout simplement repris à l’identique certaines parties des éléments sous licences dans Android.
La machine virtuelle est ce qui permet aux applications Java de s’exécuter. Sans cet élément, impossible donc d’utiliser ces applications. Google ayant fait le choix judicieux du Java pour Android (ce qui permet théoriquement aux applications de tourner sur n’importe quel appareil Android quelque soit son matériel), ils ont bien été obligé d’intégrer une machine virtuelle. Celle d’Android s’appelle Dalvik. Et Oracle accuse Google d’y avoir intégré des parties de code sous licence Sun, donc Oracle.
Actuellement il est bien difficile de savoir ce qui est vrai ou faux, car même si de nombreux employés de Sun ont été débauchés par Google pour Android, rien ne prouve qu’ils aient repris les choses de Sun. De récentes découvertes ont soit disant trouvés des fichiers mentionnant clairement le copyright de Sun dans le code source d’Android. Mais rien ne prouve qu’ils aient réellement été utilisés dans le système final installé sur les appareils.
Quoi qu’il en soit, utilisés ou non, cela serait en effet une violation de la licence.
Mais quel est le risque ? En quoi cela nous regarde ? Cela ne se résume-t-il pas qu’à des histoires de gros sous entre deux mastodontes de l’informatique ?
Malheureusement, ça nous regarde énormément. En effet Android est lui même un système d’exploitation libre, son succès est en grande partie dut à cette ouverture qui permet à chaque fabricant d’intégrer Android à ses appareils sans avoir à payer quoi que ce soit à Google. Et si la plainte d’Oracle se retrouve justifiée, le jugement pourrait être très lourd de conséquences. Le pire scénario pourrait voir Oracle récupérer toute ou partie de la licence d’Android, et l’on se doute bien que derrière cette action, Oracle ne compte pas laisser les choses aussi peu rémunératrices en l’état. A minima, si Google perds, ils pourraient être contraint à payer cher son infraction, et rien ne dit que Google va absorber seul les frais engagés qui promettent d’être conséquents… Ce qui pourrait aussi effrayer les fabricants qui ne veulent pas prendre le risque de se voir incriminés par Oracle également.
L’espoir n’est pas perdu, et l’intérêt d’Oracle via à vis d’Android est évidement très intéressé, et de plus en plus suite au succès populaire du système de Google. Google a donc tout de même quelques armes à jouer en prouvant que Oracle n’a jamais rien dit avant de voir que l’OS mobile commençait à prendre son envol et faire gagner beaucoup d’argent.
Il reste qu’à espérer que soit les deux parties s’entendent entres eux, soit que le jugement final (dans quelques années…) soit favorable à Google. En attendant, on peut compter sur Google pour continuer à promouvoir son système libre !