Non je ne vais pas me lancer dans la voyance ou dans l’utilisation de boules de cristal, mais suite à l’annonce de sa nouvelle version de l’iPad, il faut reconnaître qu’Apple a toutes les cartes en mains pour continuer à tenir le rôle de leader incontesté sur ce marché en 2012.
Le nouvel iPad, qu’il ne faut surtout pas appeler iPad 3, n’est pourtant pas une révolution en soit. Comme je le décrivais brièvement le soir de son annonce, en dehors de l’écran dit « retina » d’une résolution inédite à ce jour et du processeur graphique associé pour gérer tout ça, il n’y a quasiment aucun changement notable sur la tablette. Toujours aucun port d’extension autre que la prise « dock » de 30 broches classique, toujours impossible de faire évoluer la tablette en autre chose (dock clavier façon Transformer Prime par exemple), toujours autant de limitations dans son dialogue à l’extérieur (pas de DLNA) à moins d’avoir du matériel Apple également. Pourtant l’iPad est et reste sans aucun doutes possible la meilleure tablette du marché actuel.
Si on peut regretter le manque d’évolution en puissance brute (hormis le côté graphique), le double coeur à 1 gHz de ce processeur A5X ne démérite pas franchement, et affiche des performances largement comparables à celles des concurrents actuels. Mais l’avantage de l’iPad ne se situe malheureusement pas tant dans ses capacités techniques que dans son écosystème et ses usages.
Ainsi, le fort succès des ventes d’iPad jusque là a incité une grande majorité de développeurs à adapter leurs productions à ce nouveau format, en deux ans ce n’est pas moins de 200 000 applications qui sont adaptées à l’écran 10 pouces de la tablette. Quand on compare au faible nombre d’applications adaptées sur Android c’est à pleurer…
Car il faut garder en tête que l’usage d’une tablette est très différent de celui d’un téléphone portable, c’est un usage massivement sédentaire, bien plus proche de ce qu’on connait avec les ordinateurs portables classiques. On l’utilise pour accéder rapidement à une information, naviguer sur le net, lire et répondre brièvement à des mails… Et même si Apple tente de prouver qu’on peut aussi être très créatif avec l’iPad, ce qui est en partie vrai, c’est un usage très marginal dans les faits. Même la lecture de livres vantée par Apple est une forme d’échec, les ventes de livres sur iBooks ne représentant même pas 10% de celles faites sur les Kindle d’Amazon.
Le prix joue également, aux alentours de 500 euro, Apple a proposé ici une alternative aux ordinateurs souvent vendus plus chers, et souvent bien plus complexes d’utilisation. Si ce marché n’entre pas réellement avec celui des ordinateurs dans sa globalité comme je l’ai rappelé à nombreuses reprises, il est évident que certains font tout de même ce choix, principalement en complément d’un ordinateur qu’ils ont déjà depuis un moment au lieu de renouveler celui-ci.
Côté Android il existe de très bonnes alternatives, des produits innovants et souvent bien plus pratiques à utiliser, mais malheureusement l’image de précurseur d’Apple et l’offre applicative impressionnante fait souvent la différence lors de la décision d’achat. Au final, Apple a vendu 55 millions d’iPad en 2011, quand Android affiche un petit 12 millions de tablettes toutes marques confondues… Je ne compte volontairement pas les dérivés tels que les Nook Color ou Kindle Fire qui ne sont pas des tablettes Android à part entières.
Au delà même des produits, le prix pose lui aussi souvent problème. Ainsi la majorité des tablettes concurrentes sont proposées à des prix très proches de ceux d’Apple, voire même plus cher ! Même si ces produits peuvent potentiellement être meilleurs, l’acheteur privilégiera évidement le modèle d’Apple dans bien des cas. La seule solution des fabricants est donc de revoir massivement le modèle économique et d’entamer une guerre des prix afin d’attirer les utilisateurs.
C’est ce qu’on commencé à réaliser Acer et Asus par exemple, leurs modèles sont souvent proposés une centaine d’euro moins chers que ceux d’Apple, ce qui leur a permit d’attirer un public de curieux qui ont été séduits. Mais ces efforts sont sous passe d’êtres anéantis. Car Apple a décidé de ré-éditer sa logique de l’iPhone qui voyait le modèle précédent rester en rayon lors de la sortie du nouveau. C’est ainsi que l’iPad 2, qui se ses un an d’âge n’a pas grand choses à envier aux modèles concurrents du moment il faut l’admettre, est toujours vendu, avec un rabais de quasiment 100 euro, à 409€ précisément.
Si il pouvait encore être évident de choisir une tablette Acer ou Asus à 100 voire 150 euro de moins qu’un iPad, la chose sera tout autre à partir du moment ou l’écart de prix se réduit à moins de 50 euro de différence… Pourquoi prendre un modèle moins réputé, qui possède moins d’applications et peut potentiellement faire moins de choses pour le même prix ? Autant prendre un iPad… C’est le raisonnement probable que feront plus d’un acheteur plus ou moins informé lors de l’achat.
La seule voie de sortie pour les fabricants semble donc une fois de plus de jouer le prix et de proposer des appareils toujours plus intéressants à des prix toujours plus faibles. Seulement cette course a un prix, celui de la rentabilité. Difficile pour les fabricants de gagner réellement de l’argent à ce petit jeu. Et il semble évident que beaucoup d’entres eux vont y laisser quelques plumes. Mais j’évoquais déjà tout ça il y a quelques mois.
Il ne reste plus qu’à espérer que la tablette promise par Google en milieu d’année soit largement au niveau et propose une véritable alternative pour voir enfin ce marché se diversifier un peu, mais j’ai bien peur que l’année 2012 reste encore une année iPad. Le roi est mort, vive le roi !