Les tablettes Android jusque là n’ont pas été un franc succès commercial, je pense que je ne vous apprends rien ici que vous ne sachiez déjà. Pourtant l’offre n’est pas déméritante, que ce soit avec les célèbres Galaxy Tab (en 8543 versions) de Samsung, les très originales Asus Transformer, ou encore toutes les autres comme les Archos et Acer Iconia, difficile de ne pas trouver chaussure à son pied pour celui qui voudrait une tablette Android.
Pourtant, les faits sont là, un an et demis après leur apparition, rares sont les modèles qui ont réellement eu un impact, et aucun modèle n’a réussit à réellement sortir du lot face à l’iPad d’Apple au succès toujours inégalé.
Je mets de côté volontairement le fameux Kindle Fire d’Amazon, non pas que le produit ne soit pas intéressant également, mais ce n’est clairement pas une tablette Android comme les autres. Elle possède un OS modifié qui n’a pas été à l’origine pensé pour le format tablette, et dès lors ne profite en rien de l’interface adaptée pensée par Google. Sans même évoquer le fait qu’elle ne soit à ce jour vendue qu’aux USA ce qui limite d’autant l’intérêt pour le grand public du reste du monde.
Bref, tout ça pour dire que même si Android sait maintenant parfaitement gérer le format tablette avec une interface pensée pour cet usage, la sauce a encore bien du mal à prendre.
La faute en premier lieu aux développeurs, alors qu’ils avaient tous sorti le grand jeu à peine l’iPad annoncé, offrant par la même une belle brochette applicative dès sa sortie, les quelques dizaines voire centaines d’applications adaptées au grand format sur Android n’aident évidement pas à vendre les appareils.
Mais il serait bien trop facile de jeter la pierre aux développeurs uniquement, car si les tablettes se vendent mal, c’est aussi en grande partie à cause du prix. En effet si maintenant on trouve la majorité des modèles à moins de 500€, ce n’était pas franchement le cas à l’origine. Et lutter face à un iPad à 500€ avec un appareil plus cher, possédant à l’époque un OS moins évolué, et moins d’applications, c’est courir au casse pipe !
Les prix ont donc progressivement baissés, pour se retrouver de nos jours dans une fourchette 350/500 € selon les modèles. Mais le public a gardé la première image en tête de tablettes chères et possédant une maigre offre applicative et a bien du mal à se défaire du modèle phare qui est l’iPad. Surtout quand Apple fait des prouesses grâce à ses volumes en se permettant d’offrir le plus bel écran du marché sans changer le prix du modèle. Bref, à ce stade, le marché des tablettes Android n’a rien de vraiment prometteur à offrir pour décoller réellement.
C’est là que Google intervient. Ils sont parfaitement conscients de ce problème et prendre plus de retard sur le secteur des tablettes serait dramatique. Car plus le temps passe, et plus le public associe ces appareils à l’iPad. Et plus les gens s’équipent d’iPad, moins ils iront voir ailleurs. Les chiffres vont encore progresser ces prochaines années mais si l’offre Android ne décolle pas dans les prochains mois, il sera quasiment impossible de revenir dans les prochaines années sur ce secteur.
Car ce secteur est TRÈS complexe à bousculer, tant Apple a joué finement. Que ce soit Palm ou RIM, tout comme Google à ce jour, tous se sont cassés les dents sur ce format. Et quand on voit arriver Microsoft avec ses gros sabots, on comprends mieux l’urgence de la situation, alors même que rien ne garanti qu’eux aussi arrivent à se faire une petite place au soleil !
La réponse de Google est prévue depuis de nombreux mois, Eric Schmidt lui même évoquait la chose en décembre dernier, promettant une tablette « Nexus » dans les 6 mois à venir. Sept mois plus tard les rumeurs n’ont jamais été aussi fortes et tout indique que Google va annoncer cette fameuse tablette mercredi prochain lors du premier jour de sa conférence des développeurs, le célèbre Google I/O.
Google reprends ici le principe des téléphones Nexus, en fabricant un appareil comme il l’entends mais réalisé conjointement avec un des fabricant phare d’Android. Les rumeurs évoquent Asus comme le grand gagnant pour ce premier modèle, un choix pas franchement surprenant quand on connait la capacité de production et d’innovation de cette formidable entreprise. Bien connue pour ses composants informatiques tels que les cartes mères ou cartes graphiques, mais aussi pour ses EeePC qui ont lancé à eux seuls le secteur des netbooks.
Je ne reviendrais pas trop sur la configuration matérielle supposée, même si les rumeurs sont très crédibles, évoquant un appareil 7 pouces en 1280*800 animé par un Tegra 3. Une offre très correcte au vue de ce qui existe déjà sur le marché, sans non plus révolutionner quoi que ce soit.
Cependant le point le plus important à mes yeux dans toutes ces rumeurs, c’est celle qui évoque le prix. Car il semblerait que Google veuille frapper un grand coup en proposant cette tablette à moins de 250$ (200 € hors taxes) pour le modèle 16 Go, et 200$ (160€ hors taxes) pour la version 8 Go. Un prix inédit pour ce genre de produits, exception faite du Kindle Fire.
Avec un prix qui se démarque réellement du reste du marché, et si la tablette est convaincante avec enfin une offre logicielle qui s’étoffe, Google pourrait bien avoir ici ce qu’on appelle un « game changer », le produit qui peut bouger le marché en profondeur. Pour autant, rien n’est gagné à ce jour, et rien ne garanti que Google va réussir ce pari tant le risque est grand.
Un échec ici pourrait bien signifier qu’Android mettra encore de nombreux mois, voire années, avant de se démarquer réellement face à l’iPad tout puissant.